samedi 11 juillet 2009

Pour le meilleur et pour le pire

Il disparait pendant une seconde, une tres longue seconde, tellement longue qu'on dirait une heure entiere. Ca ressemble a un accident de velo, le moment ou l'on perd le controle, qu'on réalise que la chute est inévitable. Le sol se rapproche tres vite, mais on a le temps de voir toutes sortes d'images défiler dans sa tete avant que l'asphalte ne transforme la peau des cuisses en escalopes de veau. Une sorte de moment de grace, avant l'irresistible.

Puis il revient violemment, comme une décharge électrique, une explosion dans la bouche, des feux d'artifices de pivoine, de gingembre, de vanille, de miel, de foin coupé. Si les couchers de soleil goutaient quelque chose, c'est ca qu'ils gouteraient: un Chateau d'Yquem 1975, Sauternes premier cru classé superieur. En fait, le seul Sauternes a etre classé premier cru superieur. C'est officiel, je suis alcoolique.

Pavillon Gabriel, tout pres de Place de la Concorde, une chaleur etouffante, mon noeud Windsor m'étrangle. La soirée s'intitule: A la decouverte des grands crus. Un dinner organisé par une boite d'investissements francaise qui gere la bagatelle de 350 milliards d'euros. Une soirée pour quelques gros clients a laquelle j'ai été invité apres avoir scoré une interview avec le big boss des portefeuilles actions. Chez les asset managers a Paris, on m'a collé l'étiquette de journaliste anglo-saxon. Why not? Avec Robinson comme nom de famille, ils pensent que je suis British. Ca me donne une sorte d'acces privilégié a ce petit monde de gestionnaires qui snobbent les médias francais.

Le maitre d'hote est George Lepré, ancien somellier en chef du Ritz, aujourd'hui prof d'oenologie a UCLA. Un repas cinq services, et a chacun des services, deux grands crus a deguster: Chateau Angelus 1995, Romanee-Conti 1999, Mouton Rothschild 1998, Chassagne-Montrachet Morgeot 2001... apres, j'ai arreté de prendre des notes. Pas de grandes conversations sur l'avenir du carry trade au Japon ou le Baltic Dry Index. Tout le monde a le nez dans le verre, les yeux sur la robe, la bouche en feu. On dirait une gang d'héroinomanes qui viennent de se shooter, sauf que tout le monde est en tenue de soirée. Soirée qui s'est terminée a la terasse, sur le toit. Vu sur les Champs Elysees, armagnac et Cohibas. Ironique de penser que la marque de cigares cubains a été créée specialement pour Fidel Castro en 1966. Hasta la Revolution, purée !

Apres avoir gouté au meilleur de la France, j'ai gouté au pire. Le lendemain matin, il fallait aller toute la petite famille a la sous-prefecture de la ville pour demander un rendez-vous en vue du renouvellement de nos visas francais. On est arrives sur place a 9h10, pour finalement passer au guichet a 15h50 et obtenir un rendez-vous dans trois mois. Sept heures d'attente pour 3 minutes au guichet. Mais on avait prevu le coup. Pic-nic et sieste dans le parc en face. On se relayait dans la sous-prefecture pour surveiller les numeros. En sortant, on a pris notre revancha: creme glacée chez made-in-USA Ben & Jerry's pour Charlotte et Luca, et caramel-macciatto-soy-milk-no-foam-extra-shot chez Starfucks pour les papis.

Essayé:
une moto taxi, en revenant d'Orly mardi. Nouveau phénomene des gens "branchés" a Paris: pour eviter les bouchons sur le péripherique, ils prennent une moto taxi, qui roule entre les voies dans les embouteillages. A priori, on pense a des images de ville du Sud-Est asiatique, mais la rien a voir: ce sont de grosses motos, casques et imper fournis. Ceci dit, on a mis 15 minutes entre l'aéroport et La Madelaine, au
lieu de 45 minutes en voiture.

Trouvé:
Apres deux ans a errer dans le quartier, j'ai finalement élu domicile, le midi, au Caviste de Druot, la ou se retrouvent tout le beau monde du quartier des ventes aux encheres, marchands d'art ou d'antiquités. ambiance unique, souvent survoltée avant la vente de gros 'lots' comme récemment la collection de livres anciens sur Napoléon de l'ex-premier ministre Dominique de Villepin. Le menu est archi-simple: sandwich
au paté et verre de Brouilly, sur le pouce au comptoir. C'est ca le "faste" food ici. Ca change du Taco Bell dans les galeries sous-terraines du centre-ville de Toronto.

Lu:
L'art de la guerre, de Sun Tzu. Un grand classique sur les stratégies militaires écrit en Chine 500 ans avant JC. Tres philosophique. Du génie.

Acheté:
Un chargeur solaire pour le blackberry. Ca consomme rien en électricité de recharger un cellulaire, mais c'est pas grave, le chargeur solaire ca fait vraiment trop killer quand on le sort sur la table d'une terrasse. Mi-James Bond, mi-Steve Jobs. Déja que je n'ai pas de char, que je travaille pour un média électronique qui n'imprime pas ses nouvelles sur du papier, et que je fais mon yogourt maison, maintenant un chargeur solaire, je suis l'archétype de l'écolo. Dommage que je n'ai plus assez de cheveux pour porter la queue de cheval. Ceci dit, j'économise le shampoo, encore plus écolo.

Cuisiné:
Puisqu'on a pas de terrain, comme d'ailleurs 99 % des Parisiens, les dimanche apres-midi d'été c'est pic-nic au parc entre chums. Fatigués des sandwichs ordinaires, j'ai paufiné le truc: baguette chiabatta, tapenade d'olive noire, mozzarella di bufala campana qu'on ecrase entre les doigts pour l'étendre dans le pain, et jambon de parme. Good stuff. Par contre pour le vin, c'est foutu maintenant que j'ai gouté au nectar des dieux l'autre soir, les bouteilles a 15-20$ gouttent le vin de dépanneur.

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