samedi 21 novembre 2009

Un air de déj-A- vu?

Il y a à peine une semaine, les centres de vaccinations de Paris étaient vides, tellement vides qu'ils ont réduit les jours d'ouverture. La ministre de la santé était dans l'eau chaude: la France en a-t-elle trop fait, le government a-t-il paniqué et commandé à la hate beaucoup trop de vaccins? Les hauts responsables du ministère ont-ils touché des pots-de-vins des grands labos? La ministre, sur la défensive, a déclaré cette semaine: "des gens vont mourrir parce qu'ils n'auront pas été vaccinés". Dire qu'elle a sa marionnette aux Guignols de 20 heures, et que tous les soirs ils font des blagues sur son incompétence. Pour avoir suivi la guerre civile qui a entouré la campagne de vaccination au Québec, j'avais comme qui dirait le feeling qu'une telle panique surgirait ici, avec 2-3 mois de décalage, puisqu'il fait encore 15 c à Paname.
(Émeutes au CLSC de Saint-Sauveur-des-Monts, 26 octobre 2009)
Profitant sans gêne du système de santé privé en France, il n'a pas été difficile de corrompre un médecin de l'Hopital Américain de Paris pour qu'il nous fasse une lettre qui fait de nous des "prioritaires". A 150$ la consultation de 10 minutes oui monsieur, or yes M. Robinson, "what can I do for you today?", disons qu'on se sent client plus que patient. (Pour un problème de digestion l'an dernier j'avais eu droit à un scanner nucléaire du système coronarien, 1200$)
Mais voilà que quelques morts plus tard, puis une préoccupante mutation du virus dans les pays scandinaves dévoilée hier, en trois jours les Francais sont passés de la douce nonchalance à la panique aigue.
Je suis sorti vers 10 heures ce matin pour aller chercher les croissants et vérifier les heures d'ouverture sur la porte du centre de vaccination, désert depuis une semaine. "Put@!%n de... t@b@rnac !!", une file de 300 personnes, des policiers, des parents en larmes après avoir été refoulés. Here we go..
Pas encore d'émeutes comme devant les CLSC au Québec, ...ou plutot si quand même, après l'annulation d'un match PSG-Marseille à trois heures de la rencontre à cause d'un cas de grippe au sein de l'équipe de Paris. Les vitrines des boutiques du port de Marseille en morceaux, 80 arrestations. Un vaccin contre la bêtise humaine, c'est ca qu'on a besoin.

gouté:
Pour les 20 ans de la chute du mur de Berlin, j'ai ouvert un vin d'Alsace, vendanges tardives, cépage Gewurztraminer (ca c'est winner en criss au scrabble). A l’identité du cépage et à son caractère aromatique s’ajoute la puissance due au phénomène de concentration et au développement de la "pourriture noble", le botrytis cinerea, bref, le raisin qui est récolté a l'apparence d'une grappe effouarée dans le fond du caddy chez Costco, sous la pression d'une machine à raclette auto-nettoyante, qui n'était pas sur la liste des courses. Le raisin dégeux termine dans le bac à compost. Le compost citadin, ca c'est de la vraie pourriture noble.

Anyway, tout ca pour dire qu'il était bon en maudit, et que maudit qu'Inishkilin n'a rien inventé avec son ice wine de la Nianiagara Valley. Je méprise le vin du Nouveau Monde, je sais, c'est facile quand on est en France. Mais en général, j'évite les vins produits par Constellation Brands, entreprise américaine, plus grand producteur de vin au monde, nivelleur de gout par le bas, alchimiste capitaliste, pas vigneron. La notion de terroir, ca n'a pas de valeur dans leur balance sheet.

lu:
Un roman francais, de Frederic Beigbeder, prix Renaudot 2009. Je l'ai dévoré en deux jours. De l'autobiographie à son meilleur: pleine d'auto-dérision, d'honêteté, d'anecdotes géniales et de références culturelles qui font sourire.

relu:
Tristes tropiques, de Claude Levi-Strauss, mort à cent ans, il y a deux semaines. Primo par nostalgie de ce que je voulais faire dans la vie quand j'étais petit, anthropologue étudiant le mode d'organisation sociale chez les Nahukuá du Mato Grosso; deusio pour le plaisir de relire le père de la théorie du relativisme culturel (en simple, toutes les cultures se valent, aucune n'est supérieure à une autre), malheureusement toujours ignorée dans le monde, et en particulier en France. Réussir à convaincre un garcon de café qu'on veut son steak bien cuit, car c'est comme ca que ca se mange en Argentine, relève de l'exploit. Au pays du tartare, on va plutot essayer de vous rééduquer en vous faisant manger saignant.

trainé:
les gamins aux courses. Pas à l'hypodrome, mais aux courses à pied. La marathon attitude. Ma mère nous enmenait jadis aux manifs syndicales et/ou féministes, "so-so-so(boring)lidarité", "Mulroney, touche pas à mon baloney" (j'ai jamais vraiment compris ca que ca voulais dire d'ailleurs). Autre génération de parents, autres moeurs. J'enmène les enfants applaudir leur maman qui participe aux 10 km de Paris "La Gazelle", pour femmes seulement, en plein coeur de Paris. L'ambiance de fond est étrangement similaire aux manifs féministes des années 1980, sauf qu'ici on ne réclame pas, on affirme, c'est l'empowerment de 20.000 femmes, jeunes, moins jeunes, mamans ou pas, en groupe d'entreprise, ou en gang de chums. C'est ca le féminisme du 21e siècle.

Eh puis pour le papa, c'est pas mal non plus. Depuis le carnaval de Gualeguaychu en Argentine en 2006, je n'avais pas vu une telle concentration de super belles filles toutes en sueur, qui en plus te font des sourires incroyables parce que tu les encourages. Merci à Luca "the-chick-magnet" dans le porte-bébé, très efficace.

(Ca c'est au départ de Paris-Versailles, une autre histoire, et pas mal moins de "chicks"..)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il faut d'abord définir le mot culture ici. Si toutes les cultures se valent, il n'en reste pas moins que certaines, comment dirais-je, méritent plus d'admiration du point de vue de leur ouverture aux autres cultures. On pourrait aussi s'interroger sur certains actes permis ou encouragés par certaines cultures, notamment du point de vue des rapports entre hommes et femmes, qui me font douter de cette notion d'équivalence.
Luc